Le trouble bipolaire

Le trouble bipolaire

Introduction

Le trouble bipolaire se caractérise par des changements d’humeurs intenses. C’est une maladie chronique. Les patients affectés ont tendance à les ressentir d’une manière plus intense et ils ont des bas et des hauts plus prononcés que les autres.
Cela s’explique par la conséquence de perturbations :

  • biologiques : Cela concerne une anomalie ou un déséquilibre des neurotransmetteurs.
    La dopamine est un neurotransmetteur qui est impliqué dans le contrôle du mouvement et de la posture. Il module aussi l’humeur et joue un rôle central dans le renforcement positif et la dépendance (impliquée aussi dans la maladie de Parkinson).
    La noradrénaline est un neurotransmetteur important pour l’attention, la gestion des émotions, le sommeil, le rêve et l’apprentissage.
    La sérotonine contribue à diverses fonctions comme la régulation de la température, le sommeil, l’humeur, l’appétit et la douleur (impliquée aussi dans le trouble dépressif, le passage à l’acte suicidaire et l’impulsivité).
  • génétiques : Cela concerne une vulnérabilité génétique. Elle a un rôle important dans le trouble bipolaire.
  • environnementaux : les éléments de vie sont sources de stress. Le stress augmente cinq fois le risque de rechute. Il faut prendre en compte les antécédents personnels (traumatisme durant l’enfance). De plus d’après les dernières études, un bipolaire sur deux a eu des traumatismes précoces.

C’est donc entre autre, un dysfonctionnement des zones du cerveau où la volonté et le caractère n’ont rien à voir avec ces dysfonctionnements. Les personnes bipolaires alternent des phases d’expansion par une variation anormale de l’humeur. Cela concerne des baisses de l’humeur ( des phases d’humeur dépressive), des humeurs hautes (phases hautes, hypomanes ou maniaques) avec des intervalles libres plus ou moins longs (des phases ou l’humeur est stabilisée). La différence entre la bipolarité et les phases de tristesse et de joie est qu’il est difficile de calmer et de contrôler ses humeurs.

Le trouble bipolaire est une vraie maladie, il atteint trois pour cent de la population Française et estimé à un pour cent de la population mondiale, il existe depuis longtemps sous divers nom. Le dernier était : “le trouble maniaco-dépressif”. L’entrée en bipolarité intervient lorsque nous sommes jeunes adultes. La moitié des personnes bipolaires ont une comorbidité type alcool / toxique, l’autre moitié d’un trouble anxieux. Le risque suicidaire est très élevé. Le pic des suicides intervient au printemps et en automne. Un quart des bipolaires décède par suicide d’après les dernières données.

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Note : 4 sur 5.

A. Les différentes types de bipolarité

Il existe différentes variétés de bipolarité selon le diagnostic officiel :

  • le trouble bipolaire de type un : diagnostiqué à la suite d’un épisode maniaque après avoir éliminé une cause organique, addictologique et iatrogène. alternance de phase dépressive et phase maniaque. Il y a autant d’homme que de femme. Les symptômes psychotiques interviennent dans la mélancolie et dans la manie. L’entrée dans un trouble bipolaire de type un apparaît généralement à partir de vingt ans.
  • le trouble bipolaire de type deux : diagnostiqué à la suite d’au moins un épisode dépressif et d’un épisode hypomane. Par la suite la personne alterne un état dépressif et d’une phase hypomane avec des intervalle libres. Cela représente deux fois plus de femme que d’homme. Les symptômes psychotiques interviennent dans la mélancolie. L’entrée dans un trouble bipolaire de type deux apparaît généralement entre trente et quarante ans.
  • la cyclothymie : c’est un trouble bipolaire de type deux mais en plus atténué. Les épisodes sont moins fréquents et moins intense.
  • les états mixtes : la personne se plaint (anxiété, tension internes, sentiment d’irritabilité, pensées encombrées ou accélérées, insomnie, idées suicidaires), elle présent une humeur déprimée, une agitation psychique, une expression faciale pleine de vie, des descriptions poignantes de souffrance, l’absence de ralentissement, une labilité émotionnelle, des gestes suicidaires impulsifs, une tension interne élevée.

La bipolarité n’est pas seulement une polarité opposée (dépression ou manie). Il faut le prendre dans sa globalité en prenant en compte son aspect évolutif (épisodique, récurrence, circulaire). Le modèle continuum considère les épisodes comme des conséquences de facteurs tels que l’intensité, la réactivité ou l’instabilité. Plus le tempérament de la personne est extrême, plus le risque est grand de développer un trouble affectif.
Comme tempérament, on peut citer :

  1. tempérament hyperthymique : gai, bavard, extraverti, sociable
  2. tempérament cyclothymique : alternance rapide entre des périodes de pessimisme et d’optimisme
  3. tempérament irritable : humeur labile et changeante, colère, impulsivité

B. Les symptômes

Les symptômes caractéristiques des troubles bipolaires sont :

  • l’impulsivité lors d’un épisode hypomane ou maniaque
  • la variation de l’humeur
  • l’expression de colère
  • les comportements inadaptés ou auto-agressifs
  • la comorbidité avec abus de substances
  • les symptômes psychotiques
  • une hypersociabilité ou familière excessive, une communicabilité, une distractibilité
  • une instabilité dans les projets ou les activités
  • un mode relationnel mouvementé ou conflictuel
  • des échecs scolaires ou professionnels

Il faut compter dix ans entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic posé. Celui-ci s’établit à la suite d’au moins un épisode dépressif et un épisode maniaque ou hypomane.

C. Signes annonciateurs d’une rechute

Les signes annonciateurs d’une rechute :

  1. dépressive : de la tristesse et des pleurs, un manque d’intérêt, un trouble du sommeil, de l’anxiété, un trouble du caractère (irritabilité), de la fatigue exacerbée le matin et non améliorée par le repos, trouble de l’appétit (trop ou pas assez).
    La dépression bipolaire est spécifique. C’est une dépression anxieuse, anergique avec hypersomnie et hyperphagie. Son humeur est labile et est irritable. C’est une dépression avec des signes psychotiques dont la fréquence des symptômes dépressifs est plus élevée (agitation, troubles psychomoteurs, idées noires obsédantes). C’est donc une dépression mixte et non caractérisée comme dans un état dépressif. Un pic dépressif est observé en autonome.
  2. hypomane et maniaque : perte du sommeil ou réveil précoce, distractibilité, multiplication des projets, engagements inhabituels (politique, philosophique par exemple), hyper sociabilité, discours incessants, augmentation de la consommation de produits (alcool, tabac, cannabis par exemple), intolérance aux contraintes, allongement des journées, dépenses inhabituelles et excessives. Un pic de manie est observé au printemps et en été.

Reconnaître les signes précocement permet de réduire les conséquences de son comportement et d’amoindrir l’évolution défavorable de la maladie. Il est nécessaire aussi de mettre des mots sur les facteurs déclenchants d’une rechute.

D. Les caractéristiques du trouble bipolaire

L’épisode dépressif intervient sur la sphère :

  • émotionnelle : la personne se sent triste, inutile en étant incapable, plus de plaisir, sentiment de culpabilité, irritable, anxieux, impuissant face aux situations, sans énergie, honte de son état, perte d’intérêt pour ses centres d’intérêts, sans espoir, plus de désir sexuel, pense à la mort, perte de l’estime de soi.
  • cognitive : la personne ne comprend rien, la simplicité est complexe, difficulté de concentration, des troubles de ma mémoire, perte d’attention, constamment dans le doute, n’arrive pas à prendre des décisions, difficulté à réfléchir, a peur de tout.
  • comportementale : la personne se sent fatiguée, n’a pas un sommeil récupérateur, dort mal ou de trop, perte d’appétit ou hyperphagie, difficulté à commencer une activité et le fini pas, évite les relations sociales, ne s’organise pas, est ralentie, beaucoup en conflit, pleure beaucoup, impatience.

L’épisode maniaque intervient sur la sphère :

  • émotionnelle : la personne se sent euphorique, traversé par une joie intense, fait ce qu’elle veut avec un sentiment de liberté, est imperturbable, capable de tout résoudre, se sent invulnérable, excité et exalté, trouve que les autres fonctionnent au ralenti, réactif aux stimulations extérieures et intéressée, forte confiance en soi, a des sens a fleur de peau, ressent tout avec plus d’intensité, forte libido.
  • cognitive : la personne comprend tout ce qui se passe très vite, a une forte imagination, se sent le roi de l’univers, a une forte assurance, se trouve la plus beau, cerveau en ébullition, vit au présent en zappant le passé et le futur, a peur de rien.
  • comportementale : la personne ne ressent pas le besoin de dormir, parle beaucoup, est très actif, mange beaucoup, fait les activités avec une forte aisance, a une forte vie sociale, et très rapide, a beaucoup d’énergie et de force, est violent et a un contact agressif, fait beaucoup d’achat, a une présentation excessive très démonstrative, a des conduites à risque.

Pour qu’une phase maniaque ou hypomane soient déclarée, il faut que ses caractéristiques se maintiennent sur une période de quatre jours minimum.

E. Maintenir son bien-être

L’épanouissement personnel ou se sentir bien revient en théorie à avoir de l’empathie, un sens de créativité, le sens de la justice, l’optimisme, des expériences positives, du plaisir, de la réalisation de soi, de la satisfaction de vivre, de l’estime de soi et de donner un sens à sa vie.
Tout cela contribue à améliorer les défenses psychiques naturelles des individus.

Pour une personne bipolaire, l’épanouissement personnel est perturbé lorsque plusieurs éléments ne sont pas réunis :

  • la surveillance de l’humeur journalièrement en étant attentif aux signes annonciateurs de rechute avec comme support par exemple l’outil le “diagramme de l’humeur“.
  • la prise du traitement : le connaître, respecter les posologies, le gérer avec un pilulier ou avec le passage d’un infirmier, ne pas l’interrompre même si il est tentant de le stopper lors des périodes d’humeur stable ou lors d’hypomanie.
  • planifier ses journées avec des objectifs et organiser son quotidien
  • continuer son suivi avec son psychiatre référent
  • réduire ses sources de stress
  • privilégier les activités plaisantes et la routine

L’élément le plus important reste l’hygiène de vie. La tendance par la récurrence à récidiver pour une personne bipolaire avec une sensibilité accrue aux rythmes de vie tels que les cycles veille-sommeil, les saisons, les routines quotidiennes (activités, repas), l’horloge biologique, les rythmes sociaux, le décalage horaire.
L’hygiène de vie passe par les rythmes de vie personnel :

  1. Le sommeil : le bon fonctionnement de son horloge interne passe par le respect des besoins de sommeil possédant une fonction réparatrice. Celle-ci peut être altérée par la maladie, les traitements. L’horloge interne est soumise à des synchroniseurs (alimentation, le sport, la variation de la température, l’alternance lumière – obscurité). Il est important de connaître son besoin de sommeil. En l’absence de ces synchroniseurs, l’horloge est déréglée. De plus, des désynchroniseurs peuvent la dérégler (l’anesthésie, événements de vie, stupéfiants) et peut favoriser des troubles de l’humeur. Les personnes bipolaires sont plus sensibles aux désynchronisateurs. Par exemple, un événement de vie peut provoquer des troubles du sommeil, puis des dérèglements de rythmes sociaux, puis des rythmes biologiques et favoriser une récurrence dépressive et maniaque.
    Il est important d’être rigoureux pour faciliter le sommeil : une température de la chambre tiède, éviter les excitants avant de dormir (boissons et écrans), avoir une régularité des horaires de coucher et de réveil, ne pas lutter contre le sommeil.
  2. L’alimentation : elle doit être équilibrée, diversifiée et stabilisée. Une carence en glucide influence la fluctuation de l’humeur. Une carence en protéine peut provoquer un déséquilibre des neurotransmetteurs. Une carence en lipide influence une baisse de l’humeur. Une carence en vitamine B et B9 entraîne des changements d’humeur. Une carence en vitamine B6 peut amener une irritabilité, une fatigue, des confusions, une tristesse et un manque de concentration. Une carence en vitamine C peut provoquer une fatigue et génère une humeur dépressive.
    Il est donc encore plus important pour une personne bipolaire d’être vigilent sur son alimentation.

L’objectif est de favoriser une stabilité autant chimique que comportementale, sociale et environnementale.

F. L’accompagnement

Il est long de trouver avec le psychiatre la bonne molécule et la bonne posologie. En début de traitement, on peut se sentir différent ou anesthésié. La prise d’un traitement permet de diminuer les symptômes et de maintenir une stabilité en prévenant les rechutes.

  • Le traitement : un traitement régulier pris constamment et une bonne hygiène de vie. La dépression bipolaire est résistante aux antidépresseurs. Les régulateurs de l’humeur sont les principaux supports médicamenteux ainsi que le lithium. Théoriquement, c’est un traitement à vie. La moitié des personnes rechutent dans les ans hors si absence de traitement ou une mauvaise observance du traitement, les rechutent sont plus rapides.
  • La psychoéducation : sur les éléments à prendre en compte pour maintenir son bien-être et sur l’hygiène de vie.
  • La psychothérapie : le psychiatre assure le suivi médicamenteux, il est nécessaire que la personne malade soit accompagnée par une thérapeute pour une complémentarité et ce dans les intervalles libres. Il existe différents types de thérapie comme les TCC qui agissent sur l’aspect cognitifs. Concernant le comportement, la thérapie interpersonnelle, du rythme social et gestion des soins intégrés est non négligeable pour travailler sur l’hygiène de vie ainsi qu’être sensibilisé sur les signes de rechute. Lors d’épisodes aigus, l’hospitalisation reste le plus adaptée.
  • Etablir un réseau de soutien : afin de privilégier un espace de dialogue et d’écoute. Comme réseau de soutien, on peut citer le psychiatre référent, un médecin traitant, une personne de son entourage qui comprend la maladie et l’accepte, des associations, une pharmacie référente, un CMP par exemple.
    Demander du soutien n’est pas une preuve de faiblesse mais de responsabilité.

G. Comment l’expliquer aux aidants?

Il n’est jamais simple de parler d’une maladie, encore moins d’une maladie mentale à ses proches. La peur, la stigmatisation et le rejet sont entretenus par l’ignorance. Le manque de compréhension et de soutien social peut rendre le trouble beaucoup plus difficile à vivre.
La première des choses est de connaître :

  • la bipolarité et sa manifestation personnelle à travers des types de comportement (devenir très bavard, des achats compulsifs, énergique, besoin de se replier, dormir plus), la fréquence, la durée des phases.
  • et de l’accepter.

L’accepter passe par une présence attentive et bienveillante des aidants. L’explication doit être adapter en fonction de son interlocuteur (famille, employeur, enfant, ami).

Concernant la communication vers les proches, il est nécessaire de discuter de la manière dont on gère la maladie, les choses faites pour gérer les symptômes, les médicaments pris et si il y a un suivi thérapeutique. L’objectif est de briser les fausses idées. Beaucoup de proches supposent que les personnes malades ne sont pas capables de vivre une vie normale, ce qui est faux. C’est possible lorsque les symptômes sont gérés. Il faut les rassurer aussi sur la prise de traitements qui a terme stabilise l’humeur et la personnalité est retrouvée. Les psychiatres peuvent se rendre disponible pour apporter des explications sur les troubles de l’humeur pour les proches. De nos jours, de nombreuses associations existent pour accompagner les aidants à mieux comprendre le trouble bipolaire ou envisager une thérapie familiale. L’environnement proche doit être le moins stressant possible.
Enfin, les aidants doivent soutenir la personne dans ses restrictions dans sa vie : éviter l’alcool, la gestion budgétaire, la conduite.

Le rôle de l’entourage est primordial tant en phase aigues que dans la prévention des rechutes. Il est important que ce sujet ne soit pas tabou, qu’il y ait de la communication familiale.

Conclusion

Faire le deuil d’une vie normale, comme les autres en acceptant d’avoir une maladie qui nous accompagnera toute au long de notre vie est certes désespérant mais le seul moyen actuellement de continue à vivre avec cet handicap en appliquant des règles strictes d’hygiène de vie.

Autrement, la question se pose : pourquoi prendre un traitement lorsque nous sommes en accès maniaque ou hypomane, avec un regain d’énergie et une confiance en soi multipliés? Dans un système où la confiance en soi est mise à l’épreuve chaque jour, pour une personne bipolaire c’est forcément tentant de profiter de cette bulle énergétique pour compenser les phases de forte dépression.

Stabiliser le trouble bipolaire
sur du long terme,
s’arrête à la raison du Nouvel Ordre Mondial

Nunsuko, artiste conceptuel

Article publié le, 12/11/2020

Sources

https://bipotes.leforum.eu/index.php

http://bicycle-asso.org/

https://psychotherapie.ooreka.fr/astuce/voir/630127/trouble-bipolaire

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