Le récit du rap français
Sommaire
1/ L’arrivée du Hip-hop en France
Médiatiquement visible à partir de 1984 grâce aux radios libres et à la télévision, la culture Hip-hop se répand rapidement en France. Le territoire français devient alors, le deuxième pays rap du monde.
La première émission télévisuelle dans le monde dédiée au mouvement Hip-hop s’appelait :
H.I.P H.O.P.
Datant de 1984 et présentée par Sidney (de son vrai nom Patrick Duteil), la chronique du premier animateur noir de France était diffusée sur la chaîne de TF1. Cette rubrique hebdomadaire d’une heure était accès principalement sur la danse Hip-hop. Malgré sa popularité et son originalité, l’émission n’a eu qu’une durée de vie d’une année.
Des rappeurs français existaient déjà à cette période là, comme Richy de Nec Plus Ultra ou Lionel D. Hors, ils n’étaient pas mis en avant par les médias parce que le grand public s’intéressait qu’au smurf (la danse Hip-hop).
L’apparition de bloc party, grosse manifestation Hip-hop où des danseurs s’affrontaient lors de battle, en ai la preuve.
Il faut attendre 1990 avec le succès national du single « Mais vous êtes fou » du groupe belge Benny B, pour que le rap francophone devienne populaire
2/ La naissance du rap français
La génération originelle du rap français (NTM, IAM, Assassin, en autres) a été révélé au public grâce à des compilations.
Outre l’émission Deenastyle sur Radio Nova proposée par le Dj Dee Nasty où l’on pouvait entendre les premiers freestyles (textes improvisés) des artistes émergents, la compilation du label de Virgin (Labelle noire) Rappattitude 1, va permettre au rap français d’éclore au début des années 1990 (100 000 exemplaires écoulés).
Le succès des singles de Tonton David « peuple du monde » (1990) et de Mc Solaar « Bouge de là » (1991) a marqué une étape significative dans l’histoire du rap français.
La médiatisation du rap national se poursuit avec l’apparition de magazines et de fanzines (journaux libres et indépendants) tels que L’Affiche, Radikal, RER, Get Busy.
Rapline, émission diffusée sur la chaîne M6 présentée par l’animateur Olivier Cachin, était la première production télévisuelle centrée sur le rap français où il y avait : des prestations en direct, des diffusions de clips et des interviews d’artistes rap. Cette émission a duré trois saisons (de 1990 à 1993).
Les premiers albums de rap français font leur apparition dans un style dansant et poétique où le scratch est toujours présent à l’image, de l’origine du rap français. « Qui sème le vent récolte le tempo » de Mc Solaar (1991) a été vendu à plus de 400 000 exemplaires et produit par Jimmy Jay.
En tant que producteur, Jimmy sort des compilations, les cool sessions où il met en avant de part sa notoriété, de nombreux groupes de rap avec entre-autre, les Sages poètes de la rue et Ménélik.
La consécration commerciale du rap français arrive avec le single du groupe marseillais IAM en 1994 (Le Mia) et celui de NTM en 1995 (La Fièvre). Ces titres festifs ont permis à ces rappeurs engagés d’obtenir une notoriété nationale.
3/ L’âge d’or du rap français
L’âge d’or dans l’histoire du rap français se situe en 1995 et 1999 parce que désormais, il a trouvé sa propre identité et son authenticité. Il devient un phénomène de société avec ses scratchs régulièrement utilisés.
De 1995 à 1996, les aînés sortent leurs premiers albums à succès
- le rap positif, funky : Akhenaton en 1995 (Métèque et Mat) et Doc Gynéco en 1996 (Première consultation).
- le rap hardcore : NTM en 1995 (Paris sous les bombes) et Stomy Bugsy en 1996
(Le calibre qu’il te faut).
Énormément de groupes font leurs premiers pas dans le game
(Fabe, la Cliqua, en autre). Ils sont mis en avant grâce à des compilations et des mix-tapes (cd de promotion d’un album à venir) du Dj Cut Killer.
À partir de 1996, le rap est devenu la spécialité de la radio Skyrock qui devient la première radio de France à passer majoritairement de cette musique. Cette même année, la radio Ado Fm a créé une chronique « Hip-hop et R’n’b ».
De 1997 à 1998, on assiste à l’ouragan du rap français
- le rap positif : en 1997, IAM (L’École du micro d’argent), Mc Solaar (Paradisiaque), Ménélik (Je Me souviens), Passi (Les Tentations).
- le rap hardcore : en 1998, NTM (Suprême NTM), Ideal J (Le combat continue),
Arsenik (Quelques gouttes suffisent…), Fonky Family (Si Dieu veut…).
L’ancienne école (ex : NTM) sort de nouveaux albums avec des textes plus revendicatifs. Des collectifs se bâtissent faisant surgir de nouveaux groupes (KDD, 3ème Œil, Lunatic, …).
Des compilations, réunissant des artistes connus et des rappeurs inconnus, sont apparues (ma 6-T va crack-er, Sad hill, Chronique de mars, …).
Le rap bizness fait son apparition.
Les maisons de disques ont rapidement compris que le rap français généré beaucoup d’argent. En partenariat avec les médias, les majors sortent les titres les plus commerciaux des albums ce qui implique un formatage concernant la musique et les paroles de rap, ainsi qu’une image faussée de l’artiste. On assiste alors à un clivage du rap français : d’un coté le rap commercial médiatisé, de l’autre le rap underground boycotté.
Plusieurs labels indépendants se sont alors formés pour lutter contre cette récupération.
1999, L’arrivée de la nouvelle école
- le rap positif : 3ème Oeil (Hier, Aujourd’hui, Demain), Saïan Supa Crew (KLR),
Freeman (L’palais de justice), 113 (Les Princes De La Ville). - le rap hardcore : Assassin (Touche D’espoir), Rohff (Le code de l’honneur), Zoxea
(À mon tour d’briller).
La deuxième génération de rappeur français débarque avec la sortie de leurs premiers opus. Encadré par l’ancienne école, leurs albums rencontrent un succès national.
Skyrock, principal diffuseur de musique rap, a crée son slogan « Premier sur le rap ».
4/ L’année 2000, le tournant du rap français
Ayant bercé plusieurs générations, le rap français est devenu le deuxième style de musique le plus écouté des moins de 30 ans.
L’ancienne école a créé des labels afin de produire la nouvelle génération. L’Home Studio (studio d’enregistrement alternatif au studio professionnel) s’ouvre un peu partout en France. Les M.J.C. (Maison des Jeunes et de la Culture) accompagnement les jeunes artistes à travers des ateliers Hip-hop.
Il est désormais facile et accessible financièrement d’enregistrer des maquettes et des albums de bonne qualité.
On découvre une évolution dans le style de rap français.
Les messages profonds et revendicatifs se font plus discrets sur la scène nationale au profit de clash entre rappeurs (départements, quartiers ou villes différentes, Paris – Marseille). La nouvelle école donne naissance au rap égotrip français. Niveau instrumental, le B.P.M. (Battement par minute) s’accélère et les mélodies deviennent de plus en plus électro. On notera aussi une tendance à utiliser des instruments physiques à l’instar des logiciels M.A.O. (Musique Assistée par Ordinateur).
Les médias nationaux favorisent à 99% les artistes de maison de disques dont le contenu est populaire et non revendicatif. Pour un artiste émergeant, communiquer sur ces gros médias est de l’ordre de l’impossible sans soutien politique ou du réseau « des musiques actuelles » parce que l’accès est trop onéreux.
Il est désormais impossible de faire la promotion d’un album de prétention nationale sans passer par la case « Skyrock ». Cette radio a désormais fait le choix de passer uniquement du rap commercial. Seules les radios associatives diffusent du rap underground.
Concernant les rappeurs français hors-norme, internet est devenu un support de communication pertinent pour toucher le grand public en utilisant le système de buzz (Ex 2006 : Marly Gomont de Kamini).
La médiatisation
du rap français brut,
s’arrête à la raison du Nouvel Ordre Mondial
Article publié le, 09/04/2014
Sources
https://www.franceculture.fr/oeuvre-une-histoire-du-rap-en-france-de-karim-hammou
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