Le processus de deuil

Le processus de deuil

Introduction

Perdre un être cher, être contraint de se détacher d’un fonctionnement personnel ou d’effacer la jouissance de son autonomie remontent à la nuit des temps.

La première personnalité reconnue pour s’intéresser à un processus de deuil universel est Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, à travers un écrit de mille neuf cent quinze : “Deuil et Mélancolie“.
Puis, plusieurs psychiatres ont fait un travail dessus, où chacun propose une théorie avec un nombre d’étapes à passer variable. On peut en ressortir un socle commun de trois phases :

  1. intégrer la réalité
  2. la combattre
  3. l’accepter

Le travail de deuil est un processus universel mais individuel et par conséquent vécu d’une manière différente en fonction de la structure de sa personnalité, de ses expériences, de son environnement.
Le but est d’accepter le fait de perdre quelque chose ou quelqu’un et réapprendre à vivre sans celui-ci.

Je vais présenter le processus de deuil appuyé sur la théorie de Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue Suisse du vingtième siècle. Elle a consacré sa carrière professionnelle à accompagner des personnes en fin de vie en clinique et leurs entourages. Elle est reconnue pour avoir formaliser cinq phases traversant une personne en processus de deuil. Elle en a écrit plusieurs ouvrages (par exemple Accueillir la mort (Rocher, Paris, 1998 ; Pocket, 2002).
Lorsqu’elle est décédée, des fondations se sont mis en place pour poursuivre sa mission et sa vision humaniste.

A. La sidération

1. La réalité

Aucun travail de deuil ne peut démarrer si un diagnostic, un événement n’est pas acté dans le temps pour reconnaître la perte. En effet, impossible d’assimiler le décès d’un proche si il est toujours porté disparu.

La sidération, c’est comme la sensation où tout ce qu’on avait autour de soi, nos repères s’écroulent brutalement, avec ou sans préavis. C’est un choc interne à l’image d’un stress post-traumatique lorsque l’information parvient à l’inconscient qui provoque un séisme personnel qui dure plusieurs heures, plusieurs jours, selon les personnes.
Le cerveau de la personne est bloqué sur l’événement, impossible de parler d’autre chose, elle est en boucle dessus et ne maîtrise plus son cerveau, ce qui l’épuise psychiquement et l’empêche de dormir.

2. Le rejet

Dans l’étape de la sidération, vient ensuite ou en parallèle un mécanisme de défense, généralement, c’est le déni de la situation. La personne a eu l’information dans son inconscient, mais tellement elle est violente qu’elle ne veut pas y croire, que c’est tout simplement pas possible. Elle ne l’a pas intégré consciemment. Elle pense que c’est un cauchemars et lorsqu’elle se réveillera le lendemain matin, l’événement aura été effacé. Plus les jours passent, plus elle est dans la position de la refuser parce qu’il y a erreur.

Puis un jour, le temps nécessaire à la personne ayant fait son chemin, celle-ci l’intègre d’une manière consciente et ouvre la voix des émotions.

B. Les émotions

La personne prend conscience de l’événement en lui-même. Cela lui provoque diverses émotions.

1. La colère

La personne est en position de révolte car elle n’arrive pas à y mettre un sens derrière l’événement et trouve que cela est injuste. Elle cherche un coupable et rejette la faute envers principalement soi, les autres et la religion. Elle est dans un premier temps dans une optique de vengeance.

2. La peur

La souffrance de la perte se fait ressentir sur le mode de la peur, de l’angoisse. La personne rumine beaucoup sur son devenir ou de l’entourage. Elle ne se voit pas dans un avenir sans l’objet disparu et se concentre d’une manière anxieuse sur l’ensemble des collisions collatérales (matériel, financier par exemple) . Elle commence à prendre conscience qu’aucun retour en arrière n’est possible, que c’est acté.

3. La tristesse

Suite au mode de la désespérance, la personne se rend bien compte que le devenir sans l’objet devient une réalité. Elle entre dans une phase de tristesse immense et tombe dans la dépression. Cette étape est souvent la plus longue. Le moral est au plus bas, ses capacités de réflexions, d’actions, mentales sont limitées submergées par la nostalgie du passée. Ralentie, elle est en phase de régression pour mieux rebondir et ainsi se libérer de ce poids.
Cela devient pathologique quand ces symptômes durent plus de six mois.

La personne a enfin intégré, reconnu intérieurement la perte à travers les émotions ressenties excessivement que cela a provoqué mais ne l’a pas digéré.

C. L’acceptation

1. Le recentrage

L’ensemble de son cadre protection étant déstabilisé, la personne avec l’appui du temps nécessaire propre à chacun, se concentre sur elle-même en se posant la question : “et moi dans tout ça?” L’élan vital prend le dessus avec ses objectifs, ses buts (soutenir les autres, ne pas les décevoir, être dans l’action positive pour que l’objet disparu soit fier de moi …) qui découlent de l’événement. La personne est sur le chemin de l’adaptation de son nouveau statut pour se reconstruire.

2. Le pardon

La personne ressent le besoin de pardonner envers l’objet perdu, ses pensées sombres, parfois ses actes au commencement de son travail de deuil.
Elle lui pardonne aussi le fait de l’avoir quitté sans préavis et de l’avoir laissé seule à continuer le chemin de la vie. C’est à cette étape où le sens de l’attachement et de l’abandon retrouvent une nouvelle définition à ses yeux. La vie est de nouveau appréciée à sa juste valeur.
Elle se pardonne enfin de ne pas pouvoir tout maîtriser, surtout les événements extérieurs.
Elle rationalise la disparition et garde en souvenir les moments les plus joyeux d’une manière naturelle.

C’est à ce moment là où est considéré la fin du processus de deuil. La vie continue sans rien oublier, les émotions ne submergent plus la personne hormis lors d’événement de la vie qui rappelant le manque de l’objet (exemple pour un décès, un mariage ou une naissance) faisant toujours une piqûre de rappel.

Conclusion

Le processus de deuil est universel mais l’ordre des différentes phases mais pas aussi rigide. Suivant les personnes, les cultures, les origines, l’ordre peut différer. Disons que ce qui a été présenté dans cet article, ce sont les étapes les plus classiques observées par les soignants, l’entourage et les intellectuels.
La logique voudrait que lorsque l’on apprend une mauvaise nouvelle traumatisante, nous sommes dans un premier temps en état de choc. Le signe qui dit que l’on commence à l’intégrer est probablement lorsque l’on manifeste des émotions. Puis enfin, la libération intervient lorsque les larmes ne coulent plus et que l’on commence à se projeter dans l’avenir.

Le deuil fait parti intégrante de la vie, ce travail peut se faire dès le plus jeune âge. Ce travail que l’on subit, met en lumière notre rapport intime envers l’attachement d’un objet.

Intégrer le deuil

comme parti intégrante de la vie,

s’arrête à la raison du Nouvel Ordre Mondial

Nunsuko, Artiste conceptuel

Article publié le, 08/05/2019

Sources

http://www.histophilo.com/travail_de_deuil.php

https://toutpresdesoi.weebly.com/uploads/4/0/0/4/40045663/la-courbe-du-deuil-e-kubler-ross.pdfh

https://www.handipacte-mde.fr/fiche-processus-de-deuil.php

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