Sémiologie en santé mentale

Sémiologie en santé mentale

Introduction

Dans le langage de la santé, il faut différencier :

  • Les signes : qui sont un ensemble de manifestations cliniques que l’on peut observer d’une manière objective.
  • Les symptômes : qui sont les sensations décrites par la personne.
  • Les syndromes : qui regroupent l’ensemble des signes et des symptômes afin de les regrouper dans une catégorie de trouble ou de maladie et d’en établir un diagnostic.

Cette discipline d’analyser les signes est issue de la psychiatrie remontant au dix huitième siècle. Le médecin français Émile Littré a intégré le terme “sémiologie” dans son dictionnaire de la langue française.

AESP

La sémiologie psychiatrique regroupe cinq facteurs :

  1. La présentation et l’expression
  2. Le discours, la pensée et la cognition
  3. La perception
  4. L’affect et la fonction instinctuelle
  5. La conduite

A. La présentation et l’expression

L’anomalie de la présentation et de l’expression se compose de trois grandes catégories : l’apparence, les mimiques et le comportement.

  • L’apparence :

elle comprend d’une manière générale l’abord physique, son apparence générale et son allure, les vêtements portés, sa coupe de cheveux, la propreté des ongles, son hygiène du corps (repérer à travers le sens de l’odorat si la personne ne s’est pas lavée).

  • Les mimiques :

on peut noter aussi ses mimiques d’une manière quantitative pour voir si la personne n’a pas de mimique ou au contraire des mimiques accentuées.
Elles s’évaluent aussi sur le plan qualitatif principalement en évaluant si sa gestuelle est en phase avec le contenu énoncé, avec la situation.

  • Le comportement :

Le comportement et l’activité psychomotrice s’évaluent sur le plan quantitatif. Il est nécessaire de différencier la manière excessive à l’image d’une agitation physique, d’une accélération du comportement ou d’une manière brutale sous forme d’impulsion. Par exemple on citer le besoin non négociable de déambuler. A contrario, une manière faible revient à un ralentissement physique, à une personne qui ne peut pas bouger de son lit, une absence de réaction face à des stimulations, une immobilité.
Ils s’évaluent aussi sur le plan qualitatif, au repérage des formes de tic comme par exemple des actes involontaires non adaptés, des mouvements en cadence d’un membre ou de la tête ou aussi une conduite d’expression étrange et immotivée.

B. Le discours, la pensée et la cognition

L’anomalie du discours et de la pensée se fixe sur le fond et la forme du langage.

  • Le langage :

le discours s’évalue sur son rythme. Par exemple le contenu peut être augmenté comme par exemple avec un débit de parole volubile très élevé ou de l’impulsion verbale. A contrario le langage peut être diminué. La personne refuse de parler sans origine somatique, avec un discours pauvre comme utiliser que des mots sans faire de phrase avec un débit lent, avec une fréquence du délai des réponses augmentée.
Le langage passe aussi par sa sonorité, si le volume sonore est élevé, neutre ou diminué.
Enfin, il passe par la forme du discours comme par exemple si il y a des irrégularités d’un point de vue phonétique basées sur le timbre de voix et la prononciation ou si la personne invente des mots ou a une syntaxe non adaptée.

  • La pensée :

elle passe par l’analyse du cours de la pensée à travers son rythme (si il y a une fuite des idées où celles-ci vont plus vite que la parole, si la personne passe d’un sujet à l’autre ou au contraire si réfléchir lui demande un effort particulier). L’évaluation se base aussi le repérage de la cohérence du propos, si la pensée est vague bordée d’allusions sans fil conducteur.
La pensée passe aussi par son contenu. Il est nécessaire d’évaluer si les idées sont réalistes ou plutôt sur le registre délirant, si la personne les critique ou y adhère sans démordre. Il est nécessaire de repérer si il y a une préoccupation liée au contenu (une obsession, une compulsion, une névrose phobique), si le contenu de la pensée varie en fonction de son humeur et la forme du contenu (soutenu, familier).
La pensée passe enfin sur l’analyse du jugement, si il y a une distorsion ou pas. Il s’analyse d’une manière quantitative (si il y a une difficulté à juger ou une facilité) et d’une manière qualitatif pour connaître la logique de jugement, si elle est appropriée, rationnelle, indécise ou interprétée.

  • La cognition :

La cognition comprend aussi la vigilance. Il est nécessaire d’évaluer une énorme vigilance d’une très faible vigilance (comprenant une désorientation spatio-temporelle, une confusion).
La cognition comprend aussi l’attention. Cela permet d’évaluer si la personne est très attentionnée ou très dispersée voir si elle peut être vite distraite.
La cognition comprend aussi la conscience. Cela permet d’évaluer le caractère dissociatif, d’une perte de raisonnement avec le réel.
La cognition comprend enfin la mémoire. Cela permet d’évaluer si la personne a une altération sur le champ de la capacité à se remémorer des souvenirs proches ou lointains ou possède une illusion des événements passés.

C. La perception

L’anomalie de la perception se distingue en deux catégories : les hallucinations et la perception anormale.

Les hallucinations :

L’analyse des hallucinations se base dans un premier temps sur le registre de l’intrapsychique. Il y a un dommage du procédé psychique accès sur un manque total de sensorialité et de spatialité. Cela se traduit sur la pensée avec comme exemple une forme d’écho, des commentaires qui la suivent, une pensée sur forme d’injonction.
L’analyse des hallucinations se base aussi sur le registre sensoriel. Il y a un dommage conservé sur la sensorialité, la spatialité qui implique un renforcement de l’adhésion à l’hallucination s’éloignant de la réalité. Cela déforme le sens de la vue, le sens de l’audition (acoustico-verbale) où la personne adopte une attitude d’écoute, olfactive et gustative, tactile, des sensibilités internes. Les hallucinations font parties intégrantes du trouble psychotique.

La perception anormale :

L’analyse de la perception anormale se base sur une perte du rapport avec le réel sans impliquer le registre hallucinatoire mais sur le mode des illusions. La personne a un vécu d’étrangeté par rapport à l’environnement. Cela est plus accès sur le délire.

D. L’affect et la fonction instinctuelle

L’anomalie de l’affect et de la fonction instinctuelle comprend trois registres : l’humeur, les émotions et la physiologie liée aux affects.

L’humeur :

On peut définir l’humeur comme une expression affective entière et continue qui embellie la perception de l’environnement. Le trouble de l’humeur s’évalue d’une manière quantitative comme par exemple une humeur basse reliée à une forte tristesse personnelle comprenant une douleur morale, la personne est pessimiste et ressent une forte fatigue. On peut citer aussi une froideur au niveau de l’humeur ou au contraire une humeur survoltée voir un état d’euphorie.
Elle s’évalue aussi d’une manière qualitative, repérant son instabilité et sa labilité. Par exemple la personne peut être à cran et peut tendre vers la furie.

Les émotions :

On peut définir l’émotion comme une conséquence émotionnelle instantanée à une cause basée sur une sollicitation externe. La gestion émotionnelle s’évalue d’une manière quantitative comme par exemple une personne qui ne ressent plus les émotions positives, ni de plaisir où la personne a une forme de paralysie au niveau de l’affect. L’émotion peut être aussi restreinte comme ralenti. Au contraire, parfois l’émotion peut être vécue comme puissante non adaptée au contexte ou exagérée. La personne a son affect à fleur de peau.
Elle s’évalue aussi d’une manière qualitative où l’analyse des signes peut s’appuyer sur le décalage entre les réactions émotionnelles, le contexte et son contenu. Ces réactions peuvent être soudaines, ambiguës, paradoxales.
Enfin, on peut évaluer dans les émotions le degrés d’anxiété, l’angoisse, le sentiment de sursis.

La physiologie associée aux affects :

Elle comprend les paramètres annexes qui alimentent la physiologie du corps humain. Il y a l’alimentation où le diagnostic se base sur sa qualité et évaluer si la personne a un Trouble du Comportement Alimentaire ainsi qu’à la surveillance du poids.
Elle comprend aussi le transit pour avoir l’information si la personne est constipée et son rythme hebdomadaire.
Elle comprend aussi la qualité du sommeil pour connaître si la personne dort beaucoup ou peu, si il est récupérateur ou pas.
Elle comprend aussi la sexualité pour connaître si la personne a une forte libido ou une absence.
Enfin, il est recueilli aussi les données sur les différentes gênes somatiques que la personne exprime et si elle se sent fatiguée par exemple.

E. La conduite

L’anomalie des conduites comprend quatre catégories : la fugue, le passage à l’acte, les impulsions et l’insight.

  • La fugue :

Elle comprend le besoin pour la personne d’être dans un fonctionnement d’errance en quittant un milieu confortable ou non où les repères sont en place. Cela comprend aussi des formes d’excursion pathologique.

  • Le passage à l’acte :

Il comprend la tentative de suicide ou les auto-blessures infligés. Cela permet de connaître les antécédents de la personne et de son entourage primaire pour situer le processus suicidaire installé en lui.

  • Les impulsions :

L’objectif est d’analyser le contrôle des impulsions et l’organisation interpersonnelle. Cela se base sur la désinhibition sociale et sexuelle, les offenses aux mœurs, la malveillance envers autrui et enfin les conduites à risque pour soi et pour les autres.

  • L’insight :

Cela signifie que la personne a la lucidité de la maladie et a la faculté d’accorder le vécu mental non habituel à une pathologie. Evaluer ce critère permet de constater si la personne est en capacité de faire des liens internes et par extension, si elle possède une capacité de jugement, de prendre de la hauteur sur soi et son comportement.

Conclusion

Nous pouvons constater qu’une personne est unique et que son individualité est multifactorielle. La sémiologie en santé mental permet, à travers les critères et indicateurs, de mieux cerner l’état psychologique de la personne à accompagner.

Peut-on se limiter à un recueil de données complet basé sur la sémiologie pour établir un diagnostic et coller une personne dans une case fermée hermétique?
Comment prendre en compte les ressources de la personne, sa capacité de résilience, l’héritage familial dans une logique humanisme?

Accompagner une personne en prenant en compte
l’ensemble de la sémiologie psychiatrique,
s’arrête à la raison du Nouvel Ordre Mondial

Nunsuko, artiste conceptuel

Article publié le, 03/06/21

Sources

http://psychiatriefes.org/formation/etudiants/cours-de-semiologie

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